J’ai fait un long voyage, si long que je ne m’en rappelle qu’avec difficulté. J’ai senti le temps ralentir autour de moi, le corps se dissocier de mon esprit. J’étais en moi.
Le feu des paroles souffle et me ramène vers la côte. J’aurai voulu que ça dure, que ça s’étende. Le pouls s’atténue, les yeux mi clos j’observe les montagnes de fumées, pensées maléfiques s’agiter au loin. Elles se rapprochent, sinueuses, tourmentées. Je suis dans l’œil du cyclone de pensées. Enchevêtrement de toiles, l’araignée est cachée au fond. Il faut tenir, rester concentrée. Je suis là et je suis ici aussi, je suis partout à la fois, mon esprit se dédouble, tout est ralenti, il faut tenir, ne pas se laisser envahir par les démons, ils n’existent pas, ils n’existent plus. La peur fait irruption, j’ai peur, la mort vient me caresser la nuque, elle est tout prêt, je me sens partir, et si c’était la fin, je sens le froid en moi, ça me brule, je ne veux pas finir comme ça, j’ai si peur. Il ne m’arrivera rien, il ne m’arrivera rien, il ne m’arrivera rien, le courant glacé s’attenue.
La menace semble évanouie.
Elle disparaît.